Épreuves des Étoiles | Renaissance

ÉPREUVES DES ÉTOILES

« Les temps se feront durs. Ils seront aussi sanglants que mélancoliques, aussi vides que dévastateurs. L'apogée tirera à sa fin, tout finira un jour par retomber et le cycle du mal sera à nouveau remplacé par le cycle de la paix. Toutefois, la sérénité ne reviendra qu'avec l'aide du Chasseur Blanc, Astre qui seul, pourra tous nous sauver. »

On ne savait pas d'où il provenait, ni quelles étaient ses origines, mais surtout, on ignorait ce qu'il allait devenir. C'était une frêle créature, un jeune félidé qui se cramponnait à lui-même en se roulant en petit boule sur la croûte humide du manteau blanc. Apeuré et glacé, il tremblait tel le froid meurtrissait ses minces entrailles de chaton tout juste sevré. Le vent et les flocons formant la tempête ébouriffaient et givraient son court pelage blanc qui lui permettait de se camoufler. Tenant ses yeux fermement clos sur ses prunelles bleutées, il commença à respirer avec difficulté, chaque expiration torturant son corps affaibli. Son esprit se battait avec acharnement contre la mort qui tentait de lui prendre son âme à travers cette douleur béante. C'était un orphelin abandonné, un jeune enfant dont les parents semblaient être rayés de la carte.
Ses pattes se redressèrent sous sa masse légère. Il tenta de se mouvoir, de se lever et de marcher jusqu'à un endroit qui lui aurait paru sûr. Malgré, si fragile qu'il était, l'animal n'eut qu'assez de force pour se redresser et ensuite retomber sous le manque béant d'énergie. Il se laissa donc étendu à flancs contre le sol humide, sa petite queue finement enroulée autour de son corps. De sa conscience de chaton, il se dit que la lumière reviendrait, qu'il se réveillerait et que tout ceci ne serait plus qu'un souvenir d'antan. Il serait collé à la robe miraculeusement douce de cette présence qui le nourrissait il y a si peu et il retrouverait le réconfort de la vie, de pouvoir observer les étoiles la nuit et les nuages le jour, de pouvoir rêver sous la lune et de jouer sous le soleil. Oui, tout ceci allait lui revenir le lendemain, dès que tout ce fardeau passerait, que sa respiration ne se ferait plus aussi saccadée. Respirer, expirer... il n'y pensait plus, l'oxygène ne semblait plus pouvoir circuler tel il perdait sa chaleur corporel de plus en plus. La compression n'arrêtait pas de se faire sentir davantage à chaque seconde et son âme si faible semblait tenter par le ciel, un voyage que les mains de la faucheuse étaient portées à lui faire subir à cet instant précis. Son abdomen arrêta alors soudainement de se gonfler et de se vider et il arrêta tout simplement de bouger, la givre et la neige recouvrant sa dépouille. S'en était fini.

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Dans le noir du ciel d'encre, une vague de fragments d'étoiles se forgea mystérieusement. De ces reflets célestes se formèrent un regard non identifiable ; deux amandes qui entouraient ces iris émeraudes songeurs. Cette vision se mit alors à parcourir la forêt d'un bout à l'autre de la Toison. Les pupilles se délectèrent de la beauté du paysage lunaire en semblant chercher quelque chose de particulier. Quelques heures plus tôt à peine avait eu lieu une horrible tempête qui avait fait des ravages aux arbres et à l'état des Camps. Heureusement que cet incident n'avait pas perduré, sans quoi la nature s'en serait que réduite davantage.
Malgré, ce froid mordant avait bien laissé plus que de simples évènements ravageurs. Il avait fait une victime, une seule, et c'est ce que ce regard énigmatique cherchait. Il balaya l'endroit de fond en comble, commençant par les Rochers aux Serpents et finissant avec l'entrée de la Pierre de Lune. C'est alors qu'il remarqua cette silhouette immobile presque imperceptible. Un corps se fondant parfaitement dans le manteau blanc sur lequel il était étendu. La vision se mit tout à coup à se dissoudre en poussière d'étoiles, se dirigeant vers le sol. L’amas de scintillements se regroupèrent et s'en créa une forme féline argentée. C'était un grand félidé au pelage long, ses yeux vert éclatant fixant la minuscule bête à ses pieds d'un air inquisiteur.

« Est-ce donc toi, Chasseur Blanc ? »

Il l'était comme on lui avait décrit, blanc comme neige et encore tout jeune alors que la prophétie prévoyait sa naissance et son apparition dans la forêt depuis bien longtemps. Il s'approcha de lui, écouta le silence de sa mort probable. Il distingua néanmoins un soupçon de soupir, un écho faible de respiration, mais existentielle. Le petit vivait toujours, mais se situait entre la réalité et le ciel. L'ancêtre se pencha alors vers lui et apposa son nez grisâtre sur le museau rose terne du chaton. La forme se mit alors à illuminer intensément tout en faisant apparaître un halo d'étoiles autour d'elle. Cette lumière inconnue se transféra alors soudainement vers l'animal qui se mit à rayonner d'une teinte argenté durant quelques secondes. Étrangement, il se mit à respirer plus facilement et son coeur minuscule se remit à battre de manière plus stable. Il resta néanmoins toujours endormi dans un sommeil profond, sous le regard protecteur du guerrier cloîtré devant lui. Ce dernier l'observa d'un air tendre, le sourire aux lèvres. Aujourd'hui n'était point le jour du vrai commencement, mais au moins, il savait que le cycle de la vie avait commencé et que bientôt viendrait le temps de revenir voir cet enfant, de lui prodiguer le savoir du monde qu'il habitait.

« Jeune es-tu, petit, mais un jour viendra où tu réaliseras ce qui t'es confié. Ton nom sera Astre... Astre Symphonique. Tu seras l'harmonie de ces lieux, le pacifisme et la paix de Cerfblanc. Puisses-tu grandir et acquérir la sagesse de tes ancêtres. »

Après avoir marmonné ses locutions, la créature remonta lentement vers le ciel en se décomposant, laissant Astre somnoler dans son inconscience sur le sol de la forêt.

Le temps fit son travail, il fit progresser sa chronologie, changea la température des saisons, apportant moisson, neige et pluie. Toutes présences grandirent, moururent, naquirent sous le regard des guerriers de jadis. Et le temps, surtout, fit évoluer l'histoire ainsi que les évènements routiniers de la forêt qui se succédèrent lune après lune dans l'environnement et le vivant de Cerfblanc. Et surtout, le temps, si puissant est-il, avait fait mûrir ce jeune félin adolescent assoiffé d'aventures et de tout le savoir du paysage qui l'entourait.
Astre avait gagné en grandeur en à peine quelques semaines et se situait plutôt proche de l'âge adulte. Les derniers mois eurent été rudes alors qu'il s'était mystérieusement extirpé de son sommeil afin de trouver refuge suite à toute cette tempête. Il réalisait, aujourd'hui, qu'il avait échappé d'un poil aux pattes squelettiques de la mort, à sa trappe de lumière qui l'aurait destiné à une nuit éternelle de ténèbres. Et donc, c'est alors qu'il avait senti cette chaleur l'envahir, comme une présence bienfaisante qui voulut le retenir sur Terre, lui donnant force et protection. Depuis ce jour d'ailleurs, il avait appris indépendamment à chasser pour se nourrir et dormait dans une vieille grange non loin pour se tenir au sec et à l'égard des intrus. Il errait comme un vagabond, allant souvent proche de cette grotte profonde d'où émanait une lumière cristalline à chaque quart de lune, cet endroit où il s'était assoupi durant cette nuit. De loin, il y avait souvent observé de mystérieux félins qui y rentraient et en ressortaient après y avoir vécu la noirceur du crépuscule à l'aube. Il les fixait en les humant, distinguant l'odeur de ces quatre tribus dont il avait entendu si souvent parlé. Ces Clans dont il s'était abreuvé les connaissances en les ayant si souvent examinés, bien que le Vent ait toujours été le seul à qui il ait eu à rentrer en contact dans sa seule année de vie.
Et durant ces mois éphémères, il avait rêvé de voix mystiques, de murmures qui épelaient un nom, ce pseudonyme qu'il avait fini par considérer comme étant le tient. Astre Symphonique, tel il semblait être décrit. Toutefois, il ne connaissait pas la provenance de ces gémissements. Ils apparaissaient quand il s'engouffrait dans son imaginaire, lui chuchotant des mots et des termes plus ou moins flous dans son esprit.
« Renaissance.... C... cycle... Grand jour... Élu... »
C'était régulièrement les mêmes, mais jamais ne venaient-ils à lui accompagnés de sens ou de complexité. Tout n'était que du pur escamotage incompréhensible à sa conscience. Malgré, outre que ces voix, il y avait également eu ces images embrouillées qui traversaient sa cervelle. Des regards argentés, des lumières qui bougeaient et un amas de poussière d'étoiles brillantes parcourant l'habitat des oiseaux. Des illustrations qui lui avaient tout d'abord semblées effrayantes et aberrantes qui ne sortaient ni de son vécu, ni de sa créativité cervicale. Mais pourtant, il avait ensuite appris à les assimiler, à les admirer et à se questionner sur leur but. Il avait pensé que ce n'était que de simples visions sans objectif, mais leur apparition fréquente dans son sommeil lui avait clairement mis le songe que tout ceci était bien plus que de simples vétilles. Il se mit ainsi dans la tête de chercher qu'elle était l'origine de tout ceci.

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Ce corps solaire qui se levait apposa sa luminosité aveuglante et son reflet miroitant sur les flaques d'eau amassées à la suite de la pluie de la veille. Un félidé blanc se trouvait devant l'une d'elles, les jambes avant légèrement pliées, sa tête fine, presque triangulaire, penchée vers la source pure tombée des nuages. Un court moment, il s'observa à travers cette glace naturelle, décryptant la profondeur de ses amandes océans, de son regard envieux de connaissances empli de curiosité fidèle à son jeune âge d'adulte tout récent. Il analysa aussi sa fourrure courte blanche comme l'arme de l'hiver, cette robe qui lui avait si facilement permit de se sauver de situations périlleuses lors de la mauvaise saison. Il apposa ses prunelles aussi sur ses épaules, sa carrure en entier. Il était maigre, mais robuste, mais n'était-ce pas les conditions de tout solitaire ? Si c'est bien ce qu'il était au bout du compte. Astre sorti finalement sa langue et lapa méticuleusement le liquide de survie à tout être vivant.
Se redressant, il s’assit et entreprit de se faire une courte toilette, se disant que la chasse pourrait attendre quelques heures. Un petit courant d'air se mit à escalader le long de son échine alors qu'il finalisa de laver sa robe blanche maintenant rendue scintillante sous l'iris du soleil. Il redressa finalement la tête, levant son museau au vent et fermant les yeux pour sentir la douceur de la faible brise du début de l'équinoxe printanier. Il resta ici bien quelques instants, très rapidement interrompu par un son étrange.
« Zaaaastr.... »
Il se retourna brusquement, le regard illuminé, ses prunelles ovales à l'affut, cherchant la provenance du gémissement.
« Aaaaa...zaaars »
Cette fois-ci, il se releva d'un bond et bougea corps et tête dans tous les sens, presque effrayé par ce bruit. Ses amandes bleu ciel furent attirées par ce trou noir, cette cavité énigmatique qu'il admirait si souvent, le murmure avait semblé en provenir.
« Assss....assstr...e »
Le mot était plus clair, on l'appelait, quelqu'un voulait qu'on vienne à lui, qu'il entre dans cette grotte profonde. Il resta pourtant figé, inquiet et anxieux, se demandant si ce n'était pas encore les voix de son imaginaire. Soudainement, une étincelle floue et minuscule apparut au milieu de l'antre de ce tunnel mystérieux. Elle était argentée, frêle et magnifique. Elle ne se promenait pas, mais tremblait, tel un amas d'éclairs inoffensifs. Le jeune félin, hypnotisé par cette lumière apparente, commença à effectuer une marche lente vers celle-ci. Il posa ses coussinets veloutés sur la verdure fraîche de la saison, ses orbites reflétant le scintillement du petit corps brillant. Alors qu'il arriva à quelques pattes de souris de l'anomalie, celle-ci se mit brusquement à bouger et à s'engouffrer dans le fond de la cavité ténébreuse. Le jeune mâle sursauta et hoqueta tout en allongeant le coup pour tenter d'apercevoir cette étoile artificielle. Il ne distingua qu'une très faible luminosité qui lui confirma que ce n'était pas une hallucination. Il regarda ses alentours tout en pointant ses oreilles fines de droit à gauche de son corps. Il reposa son visage sur l'antre énigmatique, et, curieux et audacieux, s'y engouffra.

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C'était le néant, l'absence de toutes couleurs, de toute lumière, de toute vie. L'éclat de l'étincelle était la seule chose qui le guidait tunnel après tunnel. Il suivait à la fois son instinct et son coeur, sentant définitivement que quelque chose l'attendait, sans savoir ce que c'était réellement et ce que cela signifierait. Il ne faisait que courir après le bout du chemin, ses muscles se mouvant sous sa démarche galopante. Il faisait de plus en plus froid au fur et à mesure que sa course progressait et Astre distingua les forts effluves de l'humidité. Il s'arrêta soudainement en voyant une lueur argentée ; un reflet glacé et miroitant qui lui parvenait jusqu'au regard. La luciole mystérieuse revint sur ses pas et fit des mouvements consécutifs dans tous les sens, comme pour inciter le jeune mâle à avancer. Reprenant plus lentement sa progression cette fois, il débarqua sur une large alcôve vide et éclairée par une immense montagne de pierres transparentes qui dégageaient une lumière intense de source inconnue. Ses yeux couleur océan fixèrent longuement cette grande merveille, presque hypnotisés par sa beauté et sa pureté.

« C'est la Pierre de Lune, petit. »

Cette voix éprise d'échos émergea derrière son dos si clairement qu'il se demanda si quelqu'un ne l'avait pas suivi. Il se retourna lentement et distingua la minuscule sphère lumineuse. Cette dernière se transforma brusquement dans une explosion de poussière d'étoile en une grande silhouette argentée d'un félin aux yeux d'un vert aqueux.

« Cette antiquité gît ici depuis bien des décennies. Elle permet aux guérisseurs et aux meneurs de chaque Clan de discuter avec le Clan des Étoiles durant la nuit. La surbrillance qui l'entoure provient de la lune quand elle est à son zénith. »

Le jeune chasseur fixa la forme d'un air confus, se demandant d'où pouvait-il provenir et ce qu'était ce "Clan des Étoiles". Tout ce qu'il savait, du moins, c'est que cette fameuse pierre le passionnait et que cette présence céleste n'était pas là pour rien. Le félidé se mit ainsi à fixer le plafond et distingua un trou circulaire éloigné du sol d'où on pouvait voir la pleine lune sous toute sa splendeur. C'est alors, sur une pensée rapide, qu'il réalisa que le soleil était à son heure tapante quand il était rentré dans la grotte. Comment donc le temps avait-il pu passer du jour à la nuit aussi rapidement ? Il tourna la tête vers l'ancêtre à ses côtés, mais celui-ci répondit à son interrogation avant même qu'il ait eu le temps de la poser.

« Je lis tes songes jeune chat et je vois qu'une grande curiosité règne dans ton esprit. Le temps, comme nous le connaissons, s'écoule graduellement au même rythme à chaque instant de la vie. Malgré, il arrive, quelquefois, que nous voyageons à travers celui-ci en allant plus lentement ou même plus vite. C'est ce qui nous permet, parfois, de pouvoir lire l'avenir et ses prophéties, et c'est là le grand pouvoir de notre tribu ancestral. »

Fasciné, Astre le fixa de ses prunelles, éblouis par toute cette connaissance qu'il ignorait. Et c'est alors qu'il se questionna quant à l'identité de cette forme d'étoiles.

« Mais... qui êtes-vous ? »

« Je me nomme Étoile Énigmatique et j'habite les cieux depuis maintenant bien des décennies. Si je suis venue sur cette terre en ce jour bien silencieux, c'est pour te faire part de plusieurs choses, Astre. »

C'est sur ces mots que le vieux chat lui parla des circonstances de sa survie quand le jeune félin n'avait été qu'un chaton. Durant toute la nuit, il lui parla de la prophétie du Chasseur Blanc, du fait qu'il en était l'élu et qu'il avait un grand destin à accomplir, qu'il avait atteint l'âge d'apprendre le savoir de ses ancêtres. Surpris, émerveillé et à la fois confus, le solitaire l'écoutait d'une oreille attentive, un peu dépassé par tout ce qui lui disait. Étoile lui parla de son Clan, des croyances qu'avaient les tribus de Cerfblanc, mais aussi de leur pouvoir, de leur connaissance héréditaire. Les informations circulèrent durant toute la nuit, et ce, jusqu'à la première heure de l'aube.

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Quatre années avaient passé. Plusieurs lunes d'apprentissage où il avait finalement appris que ces voix et ces images dans son esprit furent en réalités des membres des Étoiles qui avaient tenté de rentrer en contact avec lui. Plusieurs lunes où il avait également appris à parler avec ses ancêtres et à obtenir leur sagesse et le savoir contenu entre leurs pattes. Le jeune félin qu'il avait été était devenu plus qu'un simple solitaire, mais surtout un émissaire et le novice du Clan des Étoiles tout en entier. Tout cela afin, bien évidemment, de le préparer à ce qui l'attendait dans un futur proche ou éloigné.
C'est ainsi, durant une nuit, alors qu'il chassait, qu'un éclair d'étoiles argentées lui arpenta les yeux de plein fouet. Ses deux prunelles d'un bleu glacé s'élargirent grandement, reflétant les flocons de neige figés dans le ciel d'un noir d'encre. Son esprit se plongea dans une transe et son âme se retrouva dans une forêt noire aux contours argentés. Il regarda autour de lui et ne vit que des silhouettes félines assises l'une à côté de l'autre. Et c'est alors qu'il réalisa qu'il se trouvait sur le territoire de ses ancêtres. Sauf que quelque chose n'allait pas ; ils semblaient silencieux, renfermés sur eux-mêmes. Les formes étaient accroupies sur elles-mêmes, leur visage perdu dans les profondeurs du néant. C'est alors qu'Astre distingua des éclairs de fourrure rouge pourpre venus de nulle part se jeter sur ses congénères du Ciel, les envahissant et les engouffrant de force vers la terre. On aurait dit des démons qui venaient pulvériser les aïeux afin de venir prendre leur place. La vision changea soudainement ; il se retrouvait dans la forêt de Cerfblanc, devant plusieurs félidés. Il voyait les chefs, les lieutenants et les guérisseurs réunis, en train de faire face à ce qui semblait être une horde de chats inconnus, nouveaux ennemis des quatre tribus. Au-dessus de ces antagonistes, il distingua encore ces ombres d'un rouge sang, comme s'ils donnaient de la force spirituel à ces incubes. L'image se finit avec une bataille sanglante du groupe de chasseurs contre les Clans. Il réalisa alors bien vite que les adversaires avaient une prédominance sur les combattants qui mourraient et ne semblaient avoir aucun soutient de leurs ancêtres. Il vit les chefs périr d'un seul coup, sans même avoir à perdre graduellement leurs vies. Il semblait que le pouvoir des Étoiles n'existait plus. La vision tira à sa conclusion et le félin revint à lui, complètement bouleversé par ce qu'il venait de voir.

Il avait compris, après plusieurs semaines de réflexion, ce que représentait cette vision et ce qui allait se passer. Et surtout, il devait agir, accomplir sa destinée avant qu'il ne soit trop tard, avant qu'ils ne disparaissent tous... Voilà où était son avenir, la fin de sa vie, le cours du cycle qu'il devait continuer à faire rouler...
Il devait aller à la Pierre de Lune, c'est ce qu'il ressentait du moins. Il ne savait pas ce qu'il aurait à faire, mais il avait cette intuition soudaine qu'il devait y aller. Il se mit ainsi directement en route, courant à en perdre haleine durant toute la journée jusqu'à la tombée de la nuit. Il entra directement dans l'immense caverne, suivant le chemin habituel jusqu'au monticule de diamants qui formaient la pierre ancestrale. Il débarqua dans l'endroit et se mit à ralentir sa marche, s'avançant graduellement vers la roche. Une fois arrivé devant, il s'accroupit et colla son nez sur le bas d'un cristal, comme on le lui avait appris à le faire. Il sombra immédiatement dans un sommeil profond, ne sachant dans quel endroit son esprit tomberait.

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Il se réveilla sur Cerfblanc et une silhouette située non-loin s'approcha de lui. Il reconnut automatique les yeux émeraudes d'Étoile Énigmatique ; son grand mentor. Il vint frotter son pelage blanc contre la silhouette, montrant ainsi son affection pour son aîné. Le vieillard le regarda d'un air paternel, mais ne cachait pas son anxiété et sa tristesse.

« Tu as vu la vision, pas vrai ? Tu dois savoir qye c'est enfin l'heure, mon petit. »

Silencieux, Astre acquiesça lentement en souriant faiblement. Le vieux mâle l'avait toujours appelé ainsi malgré le fait qu'il n'était plus un jeune félin. Il le fixa de son regard serein, réfléchissant à ce qu'il devait faire pour que rien ne se passe comme la fin de la prophétie qui lui était parvenue.
C'est alors, soudainement, que des secousses se firent sentir autour de lui. Le sol trembla et des fissures se formèrent partout. Étoile le regarda avec panique, se questionnant sur ce qui se passait. Un tremblement de terre en pleine nature céleste était d'une anormalité exceptionnelle que cela ne présageait absolument rien de bon. Le sol fracturé en plusieurs morceaux laissa échapper des formes spectrales de teintes rouges pourpres. Elles se promenèrent longuement dans tous les sens et se jetèrent sur son mentor qui explosa dans un nuage de poussière d'étoiles. Sous le choc, le mâle, se rendant compte que la prophétie était en train de se réaliser, recula alors que les démons se tournèrent pour aller se jeter sur lui. Sans savoir pourquoi, il se concentra sur lui-même et puisa dans sa force intérieure pour trouver un quelconque pouvoir. C'est ainsi qu'un énorme halo argenté l'entoura, ses prunelles devenant blanches de lumière. Il saisit enfin quel était son destin et ce qu'il devait faire pour forger un espoir à tout ce mal qui allait envahir son habitat. D'un coup, il sauta majestueusement vers le ciel tel une étoile filante. Il fila vers le ciel en prenant de la vitesse, son corps ne devenant qu'une énorme étincelle. Une fois arrivé dans la Toison Argentée, il explosa et on ne vit plus que la silhouette grisâtre de sa tête parcourant les cieux d'un bout à l'autre et précédée d'une ondulation de lumières mystiques, de vagues de rayons énigmatiques formés par la carrure d'Astre qui se promenait. Il avait sauvé le pouvoir des Étoiles en se sacrifiant, et maintenant, il devait le conserver pour que le cycle du bien revienne un jour. Tous félins ne le possédaient plus et tous n'étaient plus que sur un stade d'égalité. Mais alors que les incubes étaient en train de prendre contrôle du Clan des Étoiles qui redescendaient vers la terre, les habitants de la forêt perdirent toute parcelle de magie, retombant tous sur un pied d'égalité. Malgré, tel était le seul moyen de vaincre le mal qui revenait.